Ciáran / Nemésis




“S’il vous plait M. O’Sullivan, est-ce que je peux avoir un autographe?” Machinalement, je signe le bout de papier et offre mon plus beau sourire factice à la jeune fille. Ce genre d’incident arrive de plus en plus souvent, à mesure que je joue dans des films plus grand public. Des autographes, j’en signe à la pelle dès que je sors de chez moi. Des photos prises avec des fans, dans n’importe quelles circonstances, j’ai fini par m’y habituer. Du courrier au point que ma boîte aux lettres déborde. J’essaie de répondre à tout le monde. Je ne peux plus me montrer dans un lieu public sans arborer un petit sourire en coin comme on met un masque sur son visage. Tout ça, je m’y suis fait, et j’ai réussi à séparer mon image de ma vie privée, en dépit des paparazzis.

Mais une chose persiste et menace encore mon intimité : les journalistes. Un peu perdu dans mes pensées, je n’ai pas fait attention à ce qu’il y avait autour de moi. Grossière erreur. J’aurais pu, dans le cas contraire, éviter de rencontrer l’une des plus tenaces, qui persistait à me demander une interview : Nemésis Silvenson. Marchant droit devant moi, en direction de la maison d’un ami directeur qui semblait avoir un scénario sympathique à proposer, je suis presque rentré dedans. « Oh pardon, excusez-moi, j’étais un peu ailleurs… » Les mots se sont figés dans ma gorge. Argh, je suis fichu. J’admirerais la ténacité de cette femme, si elle n’avait pas pour objectif de percer mes secrets…

Toujours est-il que la situation pourrait difficilement être pire : je fuis les interviews comme la peste, en dehors de quelques exceptions à la sortie de mes films, et me voila avec une des journalistes les plus collantes que je connaisse. Aucune chance qu’elle ne m’aie pas vu et reconnu, en plus de ça. Il faut absolument que je concocte un plan, et vite. Sauvons déjà la situation. Si je suis trop impoli, ele pourrait ternir mon image. Je peux donc difficilement partir en courant, en pleine rue, aux yeux de tous. Puisque je ne vois aucun moyen de m’en tirer pour l’instant, autant se montrer courtois. « Bonjour Mme Silvenson. »